Trek Indus-Zanskar-Markha

Publié le par Sandy

    Nous voici donc de retour de notre premier trek de 9 jours qui nous a conduit de l'Indus au Zanskar, pour ensuite rejoindre  Spituk via la Markha Valley.

    Mardi matin, le 14 aout, nous nous rendons donc a la gare routiere de Leh a 7h30 pour prendre le bus de 8h30 a destination de Lamayuru. A 9h30, toujours pas de trace de celui-ci et l'office de reservation n'est toujours pas ouvert. Nous nous renseignons aupres des quelques indiens presents sur le quai qui nous expliquent que le Dalai Lama donne un cours de meditation dans un village voisin et que le traffic des bus en sera probablement perturbe. A 11h30, nous finissons par
comprendre qu'il va nous falloir envisager un plan B. Heureusement, quelques minutes plus tard, un Belge et un Chilien nous accostent et nous expliquent qu'ils veulent se rendre au monastere de Rizong sur la route de Lamayuru. Nous leur expliquons le probleme et decidons de partager les frais de location d'un taxi. Sur la route, nous faisons plus ample connaissance avec nos compagnons et comprenons bien vite qu'ils sont completement perches. Le Belge nous explique qu'il a pris une annee sabbatique et que sur les conseils d'un ami, il est parti faire un stage de meditation a Spituk (aux environs de Leh). Au programme, passer ses journees assis en rang d'oignon sans bouger pendant deux heures d'affilee en se concentrant sur sa respiration, avec interdiction de parler aux autres participants, ni meme de les regarder, le tout pendant 10 jours (et 9 nuits !!). Resultat : le pauvre gars avait failli faire une depression et avait decide, pour se ressourcer, d'aller filer un coup de main aux moines du Monastere de Rizong pour une duree indeterminee. Quant a son collegue chilien qui partageait sa chambre durant ce seminaire, et auquel il n'avait pu adresser la parole que la veille (soit donc au bout de 10 jours), j'ai failli m'etrangler de rire lorsqu'il m'a sorti son nom. Il s'agissait en fait d'un journaliste chilien qui etait parti au Japon interviewer un maitre en "Zen Meditation" et y etait reste durant 10 ans afin d'atteindre le Nirvana. Devenu a son tour Grand Maitre, il se faisait desormais appeler par son nom de Ninja et etait rentre au Chili pour creer son propre monastere. Ce dernier etant en renovation, il en profitait pour faire le tour du monde a la decouverte des autres techniques. Autant vous dire que les 3 heures de trajet n'ont pas ete tristes, surtout lorsque notre Grand Maitre, au cours du repas, nous a explique que nous ne devions pas manger certains aliments parce que nuisibles a la meditation ! S'il n'avait pas ete au fond de mon sac, je lui aurais bien mis sous le nez une tranche de jambon de chez Codega mis sous vide (les connaisseurs apprecieront !) pour tester un peu son self-control !

    Bref, le voyage a ete plutot amusant et apres les avoir deposes a Rizong, nous avons demande au chauffeur de nous laisser a Wanla afin d'eviter les deux heures de marche depuis Lamayuru et de pouvoir ainsi visiter la magnifique Gompa perchee sur un piton rocheux au-dessus du village. Le debut des moissons est un travail de force mais aussi une fete pour les Ladakhis. Tandis que les hommes s'occupent du ramassage et du transport de l'orge, les femmes et les enfants, aides de mules, se chargent du battage. Avec les abricots qui sechent a l'air libre sur les toits, Wanla au coucher du soleil revet des couleurs magiques.

    Nous installons la tente a l'entree du village sur une aire de camping et apres nous etre regales d'un bon plat de nouilles chinoises et de jambon, nous nous couchons.

    Le lendemain, nous decollons vers 8h et attaquons la montee vers Hinju. La montee est progressive et nous decouvrons peu a peu cette particularite geologique qui rend uniques les montagnes ladakhis. En l'espace de quelques metres, la roche passe brusquement du jaune vif au violet, en passant par le vert et nous nous emerveillons de la diversite de ce desert mineral
multicolore dans lequel emergent ca et la, telles des oasis, de petits villages comme oublies au fond de ces immenses vallees. Nous nous arretons finalement 250m au-dessous de notre destination, ayant repere, caches sur l'autre rive de la Ripcha Nala, derriere un rideau d'arbres, une petite cascade naturelle ainsi qu'un bel endroit ombrage ou planter la tente.

    C'est le troisieme jour que les choses vont se corser. Alors qu'une longue journee nous attend avec 1300m de denivele et le passage du Konzke La a 4900m d'altitude, Sandrine, apres une heure de marche, n'avance plus et commence a se plaindre de nausees. Je mets ca sur le compte d'une mauvaise acclimatation a l'altitude et lui prend la moitie de son sac mais rien n'y fait. Et me voila parti pour 1200m de denivele avec un sac de 28 kilos sur le dos. Les 400 derniers metres sont un calvaire pour Sandrine autant que pour moi. En effet, a cette altitude,avec ce poids et avec seulement 5 jours d'acclimatation, j'ai l'impression de marcher en apnee sur un aimant avec des pompes en metal. Nous passerons finalement le col vers 17h sous un vent a decorner des boeufs avant d'atteindre le campement une heure plus tard, completement extenues.

    Le lendemain, Sandrine, qui n'a rien avale depuis la veille, se sent mieux, ce qui semble confirmer l'hypothese du MAM (mal aigu des montagnes) mais alors que nous sommes a mi-montee d'un petit col qui doit nous conduire au camp de base du Dudunchen La (4800m), Sandrine s'empare du papier toilette et court se cacher derriere un rocher, prise d'une violente diarrhee. Je n'aurai pas le courage, sur le coup, de lui dire que 300m plus haut, au niveau du col, une agence nous a devances et qu'une rangee de photographes digne du festival de Cannes est en train de prendre des photos de la vallee. Arrives tant bien que mal au camp (4200m), Sandrine se sent de plus en plus malade. Sitot la tente montee, elle se couche, mais son etat se degrade et elle commence a avoir de la fievre, Heureusement, la trousse a pharmacie de Pierre va encore faire des miracles.

    Le lendemain matin, la fievre est retombee et nous passons le Dudunchen La (4700m), non sans difficultes. La descente vers Chilling est magnifique et se termine par un superbe canyon ou nous pouvons exceptionnellement profiter d'un peu d'ombre et de la fraicheur du torrent. Mais la route est longue pour Sandrine qui n'a rien mange depuis deux jours. Nous arrivons enfin a Chilling, epuises. Le campement qui se situe sous un verger nous apparait comme un coin de paradis. Il n'y a qu'a tendre la main pour cueillir abricots et pommes. De plus, le canyon offre des bassins naturels ou nous nous faisons une joie de prendre un bain reparateur. Nous decidons alors de nous accorder une journee de repos afin que Sandrine puisse recuperer. Ce n'est d'ailleurs pas pour me deplaire car la surcharge dont elle s'est delestee commence a avoir raison de mes epaules.

    Nous passons donc la matinee suivante a nous reposer a l'ombre des abricotiers mais, a ma grande surprise, vers 11h, Sandrine qui semble avoir ressuscite, me propose de reprendre le trek et d'effectuer une demi-etape. Nous nous rendons donc sur les berges du Zanskar ou une nacelle doit nous permettre de traverser le fleuve pour rejoindre la Markha Valley. Nous decouvrons alors que ce que nos amis ladakhis appellent "nacelle" est en fait une grosse caisse en bois suspendue a une poulie par un ensemble  de fils de fer a priori fixes a l'ancienne, apres avoir ete vrilles avec une bonne vieille pince plate. Le cable sur lequel est fixee la poulie est semi-tendu, ce qui pernet d'atteindre le milieu du fleuve grace au poids de l'occupant de la nacelle alors que la deuxieme partie de la traversee est effectueee a la force des bras par traction de deux ladakhis situes sur l'autre rive. Ambiance !!

    Sur le chemin menant a Skyu, nous faisons connaissance avec les muletiers d'une agence qui, d'abord perplexes devant la taille de nos sacs, nous font part de leur respect vis-a-vis de notre mode de deplacement (nous sommes une espece rare dans ces contrees). Nous passerons la fin de la soiree ensemble au camp a leur apprendre des phrases de francais, ces derniers nous ayant explique qu'ils voulaient devenir guides de trekking et que notre langue est tres recherchee dans les agences.

    Les derniers jours de ce premier trek se sont deroules de facon ideale, Sandrine ayant retrouve ses jambes et son moral, avec en point d'orgue le passage du Ganda La (4980m) et une superbe vue sur le Stok Kangri, et enfin le retour depuis Spituk a Leh.  Vous vous etes deja retrouves au milieu de 42 ladakhis (si, si, j'ai compte !!) a voyager sur le toit d'un bus ?! Je vous assure que c'est une experience unique !! ;-)

    Nous sommes actuellement en repos a Leh ou nous visitons le monastere des environs (Alchi, Thiksey) tout en continuant notre decouverte de la gastronomie indienne. Nous avons aussi adopte le rythme local : tranquille !!!!

Publié dans Ladakh

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V
DES PHOTOS! encore et encore! en tt cas, bravo pr la rédac', digne d'un éditorialiste!! V
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S
Merci pour tous ces commentaires, ca fait plaisir de vous lire. Claire et Arnaud, felicitations pour la naissance de la petite Ninon. J'etais au courant mais je voulais vous envoyer une carte pour la surprise !A tres vite, bisous a tous !Sasa et yaya
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P
photos excellentes meme avec le bruit du ventilateur de la colonne.continuez a en mettre en ligne!BisesPierre et isa
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J
J'adore la barge pour la traversée du "ruisseau"... Bises et profitez à bloc !!
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C
Super sympa ce blog, ça fait rêver!<br /> Je profite de ce court message pour vous annoncer la naissance de NINON le 10 Août.<br /> A bientôt pour d'autres nouvelles.<br /> Bisous.<br /> Claire.
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