Trek Traversee du Pamir Central (Partie I)

Publié le par yannick et sandrine

  
   Lundi 3 aout, nous quittons Khorog pour Ishkashim, village situe a l entree du corridor de Wakhan a la frontiere afghane ou nous passons un apres-midi a flaner avant de nous installer pour la nuit dans une petite pension. Le lendemain matin, nous nous rendons au bazaar ou nous trouvons un chauffeur et sa vieille Lada disposes a nous conduire a Yamchun. Il ne faudra pas plus d une demi-heure pour nous retrouver assis tous deux sur le siege avant alors que la banquette arriere se retrouve pourvue de 5 occupants supplementaires et le trajet qui s annoncait magnifique a travers cette vallee dominee par les sommets somptueux de l Hindou Kouch nous semble tout a coup beaucoup moins attrayant. C est toutefois sans compter sur la bonne humeur et l accueil incroyable de nos compagnons de route grace auxquels nous avancons finalement dans un joyeux tintamarre rythme par les arrets incessants de la vieille Lada qu il faut approvisionner en eau toutes les 20 min. Chacune de ces pauses est l occasion pour nos hotes de nous faire decouvrir les tresors que recelle la vallee et il nous faut beaucoup de temps et de doigte pour refuser, sans les vexer, leurs invitations pour la nuit. En revanche, nous ne nous faisons pas prier lorsque l un d eux nous invite pour un repas chez son cousin dont la maison traditionnelle pamiri est tout simplement magnifique. Nous mesurons alors pleinement le sens du mot accueil au Pamir.
   Nous atteignons Yamchun vers 14h et effectuons l ascension jusqu a la forteresse (ou plutot ce qu il en reste...) qui domine la vallee quelques 400m plus haut et offre sans aucun doute l une des plus belles vues sur cette derniere. Nous faisons ensuite un petit crochet par les sources chaudes de Bibi Fatima ou on nous indique une maison susceptible de nous accueillir pour la nuit. Nous y sommes recus comme des rois par un ancien mecano de l armee russe, sa femme et leurs 3 enfants qui habitent une petite maison perchee sur le haut de Vishku. La vue sur la vallee au soleil couchant y est exceptionnelle et nous laisse sans voix, ce qui n est pas pour deplaire a nos hotes !
   Le lendemain, nous rejoignons Vrang ou faisons les dernieres emplettes au bazaar avant d attaquer les choses serieuses. La montee attaque sec sous la Stuppa qui domine le village et nous prenons alors conscience du poids des sacs qui n ont jamais ete aussi lourds puisque nous avons du prevoir une autonomie de 3 semaines ne sachant pas sur quoi compter en terme de ravitaillement dans les quelques villages que nous allons traverser. Heureusement, la vue qui se degage sur l Hindou Kouch nous fait un peu oublier notre fardeau. N etant pas acclimates,  nous decidons de realiser deux camps sur la  montee au col de Vrang (5070 m) qui presente un denivele de pres de 2300 m. La progression est evidente le long de la vallee malgre l absence frequente de chemin, les inombrables pierriers et traversees a gue de rivieres. L une d elles nous empechera d ailleurs d acceder a un beau paturage (3700m) qui nous tendait les bras pour la nuit, a planter la tente au milieu des caillasses et a attendre le lendemain matin que son niveau ait baisse pour effectuer la traversee.
   Le jour suivant, nous atteignons une Letiovka (4250m)  deserte et nous y installons. Mais alors que la nuit est tombee et que nous nous croyons seuls au monde, nous voyons debarquer, vision surrealiste, 5 Tadjiks dont l un porte un fusil et un autre un grand couteau de chasse dans une main et un renard decapite dans l autre. Ces derniers n ont pas vraiment l air heureux de nous voir la. Ils ne nous decochent d abord pas un mot et je ne peux m empecher de repenser a certaines scenes de "Delivrance"... Je pense qu il devait s agir d une reaction de surprise car l un d eux ne tarde pas a venir nous trouver pour nous inviter a partager leur the et gouter a leur renard. Ayant deja soupe et voyant leur nombre a se partager ce maigre repas, je prends pretexte de maux d estomac pour decliner leur invitation et lui offre en retour une de nos bougies a laquelle il semblait porter beaucoup d interet.
   Le lendemain, nous atteignons le pied du col vers 12h apres avoir laisse un magnifique cirque borde de sommets de plus de 6000m s ouvrant a l Est et qui masquent le Pic Karl Marx (6723m) et le pic Engels (6507m). Apres avoir dejeune, nous attaquons l ascension finale des 300 dernieres metres menant au col. Ces derniers ne sont pas une partie de plaisir. Il nous faut progresser dans un grand pierrier non trace domine par deux barres rocheuses que nous devons contourner et au niveau desquelles la pente doit flirter avec les 35-40 degres. Pas de quoi faire les malins. Nous atteignons le col vers 14h apres avoir traverse quelques neves et la vue se degage enfin sur la  vallee de Rubot et sa magnifique succession de lacs domines en fond par la chaine du Shugnan. Nous nous fixons comme objectif d atteindre le 2eme lac situe sur l Aylack que nous dominons afin de monter notre camp. Nous devalons les 500m sous le col dans une neige de printemps bien portante transformee sur les 5 premiers centimetres qui rend la descente agreable puis attaquons l interminable traversee de l Aylack qui nous amene a notre lieu de campement non sans avoir du piquer un dernier sprint pour nous debarrasser d un troupeau d une vingtaine de yacks qui nous suivait en file indienne, croyant probablement que nous etions venus les chercher pour les ramener a leur enclos que nous allions decouvrir le jour suivant. Arrives a destination, le vent se leve et nous montons la tente dans laquelle nous nous installons aussitot pour prendre un repas froid et sombrer dans bien vite dans un sommeil reparateur.
   La journee du lendemain s averera longue et monotone avec, toujours, cette traversee d Aylack rendant la descente interminable. Heureusement, peu avant midi, nous rencontrons Nina accompagnee de son mari, son pere et son fils (juche sur un ane), qui reviennent de s approvisionner en Kefir dans une petite Letiovka. Nous discutons un peu et ces derniers ne tardent pas a nous inviter a passer la nuit chez eux, a Rubot, ce qui nous convient parfaitement. Nous allons passer une agreable fin d apres-midi et soiree dans leur maison semi-enterree ou nous trouvons une incroyable fraicheur etant donnee la chaleur ambiante. Nous allons une fois de plus avoir un apercu de l hospitalite pamiri, ces derniers ayant mis a notre disposition un garde du corps nous accompagnant dans le moindre de nos deplacements autour de la maison, poussant le zele jusqu a monter la garde devant la porte de toilettes !

Rq: j ai tant bien que mal reussi a charger quelques photos dans la section correspondante, mais bon Dieu que c est long...

Publié dans Tadjikistan

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